Solennité de la Sainte Trinité Paroisse St. Leu-St. Gilles – THIAIS
1er : Proverbes 8, 22-31
2ème : Romains 5, 1-5
Évangile : Jean 16, 12-15
« La Trinité reste pour nous un mystère »
(Frère Valent, sscc)
SULUH NUSA, PARIS – Frères et sœurs, la Sainte Trinité ce que nous célébrons aujourd’hui n’est pas une abstraction, encore moins une formule mathématique, c’est le mystère de la communion éternelle d’un Dieu qui est Père, Fils et Esprit. Un Dieu unique qui existe en 3 personnes distinctes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. La Sainte Trinité est le mystère le plus profond de Dieu. Mais aussi le plus difficile à comprendre. Je ne vous cacherai pas que la tâche du prédicateur en cette fête n’est jamais bien facile.
Trois personnes, mais un Seul Dieu. C’est plus compliqué que dans le mariage. Pour vous les couples, les fiancés, futurs mariés, le sacrement de mariage dit : « ils ne sont plus deux, mais un seul ! Un plus un égal Un, communion de cœur et de corps ! Cela dépasse les formules mathématiques. Pour la trinité sainte, c’est 1+1+1 =1. Un beau et grand mystère dont découlent tous les autres mystères de notre foi, mystère dépassant les capacités humaines, incompréhensible, inexplicable par la raison humaine, mais accessible seulement par la grâce de la Révélation de Dieu. Un mystère ne s’explique pas, il se médite. C’est ce qu’a fait la vierge Marie devant les événements mystérieux de sa vie.
Il y avait une anecdote de l’un des grands théologiens de l’histoire de l’Eglise, saint Augustin qu’illustre l’incapacité humaine à comprendre le mystère de la Trinité Sainte. On raconte qu’un jour, saint Augustin se promenait, faisant des va-et-vient sur la plage, plongé dans une grande réflexion pour s’expliquer et comprendre le mystère de la Trinité. Tout d’un coup, il est intrigué en voyant un petit garçon qui avait creusé un trou dans le sable et avec un petit seau, il essayait de vider l’eau de la mer pour remplir le trou de sable. « Que fais-tu petit-enfant ? », lui demanda saint Augustin. « Je veux vider la mer dans ce trou de sable », lui répondit le petit garçon. « Arrête, mon enfant, comment peux-tu y arriver ? C’est impossible ! Tu ne vois pas que la mer est immense et trop grande pour ton petit trou de sable perméable ». L’enfant lui répliqua : « Et toi, comment peux-tu prétendre contenir l’immensité du mystère de Dieu dans ta petite intelligence ? ».
Cet épisode fit réfléchir saint Augustin qui comprit dès lors que son intelligence ne pouvait contenir le mystère inépuisable de la Trinité qu’on ne peut comprendre que par le cœur. Nous pouvons donc comprendre un peu ce grand mystère, mais seulement par l’intelligence de notre cœur.
Pendant toute l’année liturgique, nous avons célébré les grands événements de la vie de Jésus : l’incarnation, la passion, la mort et la résurrection, l’ascension et le don de l’Esprit Saint. Pendant le temps de l’Avent et de Noël, le Père envoie son fils qui devient l’un de nous. Pendant le temps du carême et de Pâques, nous suivons le Fils qui a passé sa vie à faire le bien. À la Pentecôte, l’Esprit Saint nous est présenté comme celui qui continue l’œuvre du Christ dans notre monde. La liturgie nous invite aujourd’hui à célébrer la Trinité, le point de départ et le point d’arrivée de l’histoire de notre salut : l’alfa et l’oméga, le commencement et la fin. Cette grande fête nous propose de réfléchir sur le Dieu que Jésus Christ nous a révélé. La fête de la Trinité résume toute cette histoire de notre salut.
Jésus nous parle souvent de son Père et de l’Esprit Saint. Il mentionne les trois personnes de la Trinité lorsqu’il envoie ses disciples annoncer la bonne nouvelle de l’amour de Dieu pour nous : « Allez par le monde entier et annoncez la bonne nouvelle à toutes les nations, baptisant au nom du Père et du Fils et de Saint Esprit. » (Mt 28, 19).
Jésus nous présente un Père tendre, miséricordieux, respectueux de la liberté de ses enfants, toujours prêt à accueillir l’enfant prodigue, toujours disposé à pardonner. En Jésus, le Fils du Père, Dieu prend un visage humain, fraternel, proche de nous, un Dieu « frère ». L’amour de Dieu devient tangible, compréhensible et en mesure d’être imité. Il est l’Emmanuel, le Dieu-avec-nous.
L’Esprit Saint rejoint notre dimension intérieure, la dimension la plus profonde de notre être. C’est Dieu en nous, qui nous guide, nous enseigne, nous invite à l’action, nous réconforte et nous fortifie. Il nous recrée constamment et fait toutes choses nouvelles. L’Esprit-Saint a une relation de procession avec le Père et le Fils. Jésus a une parole très claire sur ce point-là dans l’Evangile que nous venons d’entendre : « Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : l’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »
D’une certaine manière nous reconnaissons une mission particulière à chaque personne de la Sainte Trinité : le Père est Créateur ; le Fils Rédempteur ; l’Esprit-Saint Sanctificateur. Fêter la Sainte Trinité, c’est fêter l’essence même de Dieu ; c’est contempler ce que nous sommes au fond de nous-mêmes, étant créés à l’image de Dieu ; c’est fêter ce que le baptême a construit en nous. Nous avons tous été baptisés « au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Nous, chrétiens, baptisés et confirmés, vivons dans l’intimité du Dieu vivant, dans la familiarité du Dieu Trinité, dans la communion avec le centre vivant de la vie éternelle de Dieu.
Le mystère de la Trinité est un peu comme le secret du soleil. Nous ne réussissons pas à le regarder en face et à comprendre sa composition car ça nous aveuglerait. Mais le soleil illumine tout ce qui existe. La Trinité reste pour nous un mystère, mais elle éclaire notre vie, donne un sens à ce qui nous arrive, nourrit notre espérance et remplit notre solitude. C’est cette présence merveilleuse de Dieu dans nos vies que nous célébrons en cette grande fête de la Trinité. Si ce mystère n’est pas évident à comprendre, je voudrais vous montrer combien il est présent dans notre manière de prier et en particulier dans la liturgie. Surtout par le signe de croix qui ouvre et termine toute prière, comme le début et la fin de la messe, comme le début de notre vie chrétienne (avec le baptême, le signe de croix de nos proches sur notre front) et la fin de notre vie (le signe de croix de nos proches sur notre cercueil).
Je termine cette réflexion avec la belle phrase trinitaire de Paul dans sa deuxième lettre aux Corinthiens, phrase de salutation que le prêtre utilise souvent au début de nos célébrations eucharistiques : « Que la grâce de Jésus notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit Saint soient toujours avec vous » (2 Corinthiens 13, 13)